La Porte de la Victoire

La Porte de la Victoire à Angkor Thom est l’une des cinq entrées qui mènent à l’ancienne capitale de l’Empire khmer, construite au XIIe siècle sous le règne du roi Jayavarman VII. Également connue sous le nom de Thvear Chey en khmer ou Victory Gate en anglais, elle se situe au nord de la Porte de l’Est (Porte des Morts).

Fait particulier, cette porte est excentrée/décalée par rapport aux quatre autres portes qui sont dans les axes cardinaux et forment une croix. Le centre d’Angkor Thom est représenté par le temple du Bayon.

La Porte de la Victoire tire son nom du fait que Jayavarman VII a réussi à repousser les envahisseurs Cham de son royaume, ce qui lui a valu le titre de “vainqueur de l’Est” et renforcé la puissance de l’Empire khmer.

En franchissant cette imposante porte, les visiteurs pénètrent dans l’enceinte d’Angkor Thom, une cité fortifiée qui abrite d’autres trésors architecturaux, tels que le célèbre temple du Bayon, avec ses innombrables visages sculptés.

Une porte dédiée au pouvoir triomphant

La porte de la Victoire, située sur la face est d’Angkor Thom, est l’une des cinq entrées principales de la capitale impériale khmère fondée par Jayavarman VII (fin du XIIe siècle). Elle permettait aux troupes victorieuses, au roi, et aux processions cérémonielles de pénétrer dans la cité en traversant l’allée reliant le Palais royal au Bayon.

C’est une porte à la fois symbolique et stratégique, reflet du pouvoir militaire et spirituel du souverain.

Une architecture similaire à la porte sud

La porte de la Victoire reprend le même modèle architectural que les autres portes d’Angkor Thom :

  • Tour centrale de 23 mètres de haut, surmontée de quatre visages monumentaux tournés vers les points cardinaux — probablement des représentations de Lokeshvara, bodhisattva de la compassion, ou du roi lui-même.
  • Éléphants à trois têtes (Airavata), sculptés sur les côtés, montés par des gardiens divins.
  • Pont précédant la porte, autrefois bordé de statues de dieux et de démons tirant le naga, symbolisant le mythe cosmique du barattage de l’océan de lait.

Une fonction cérémonielle

Contrairement à la porte est (utilisée pour les déplacements quotidiens), la porte de la Victoire était réservée aux occasions officielles :

  • Entrée triomphale du roi après une victoire militaire.
  • Processions religieuses ou festivités liées au culte du souverain.
  • Accès direct au Palais royal, situé à proximité.

Elle constituait donc un axe de communication rituel, renforçant l’image d’un pouvoir à la fois terrestre et sacré.

Un symbole de pouvoir légitime

Dans l’idéologie khmère, le roi était l’incarnation d’un pouvoir cosmique. La porte de la Victoire n’était pas seulement une ouverture dans un mur, mais un seuil sacré, marquant la transition entre :

  • L’extérieur profane (la forêt, l’empire)
  • L’intérieur sacré (la ville royale, cœur du royaume)

Y passer signifiait reconnaître la légitimité du roi et entrer dans l’ordre établi.

Visite aujourd’hui

Moins fréquentée que la porte sud, la porte de la Victoire est appréciée des visiteurs en quête de calme et de perspectives uniques sur :

  • Le mur d’enceinte d’Angkor Thom,
  • Les statues restaurées ou partiellement conservées,
  • Les grands arbres qui envahissent doucement les blocs de grès.

On peut y accéder à pied, à vélo ou en tuk-tuk depuis l’intérieur d’Angkor Thom.

Conclusion

La porte de la Victoire illustre la grandeur cérémonielle de l’empire khmer à son apogée. Plus qu’un point de passage, elle est un arc de triomphe angkorien, célébrant à la fois la puissance du roi et l’ordre cosmique qu’il était censé incarner. Silencieuse aujourd’hui, elle fut autrefois traversée par les armées victorieuses et les processions solennelles d’une civilisation brillante.


Vue depuis la muraille, face Sud

La porte depuis l’intérieur d’Angkor Thom